D’origine camerounaise et de nationalité italienne, Mathurin Ovambé était dans le staff technique des Lions lors du match amical contre l’Albanie à Genève. Il revient sur ce voyage, en décrivant l’ambiance entre les joueurs, avant de brosser un regard sur le football camerounais.
Qui est le coach Mathurin Ovambé?
Je suis Mathurin Ovambé, entraineur professionnel de football en Angleterre. Je suis d’origine camerounaise, mais de nationalité italienne. Depuis plus de quinze ans, j’ai été avec Derby County. Et je travaille également en privé avec certains joueurs tels que Guy Moussi, Mario Ballotelli et le jeune Elokobi avec qui je travaille les domaines technique, physique et psychologique. J’ai aussi été entraineur du club de Bellaria, en Italie. J’ai participé à plusieurs formations avec des équipes nationales comme le Brésil, l’Argentine, l’Italie, l’Ukraine et l’Angleterre. C’est récemment que j’ai été contacté par la Fécafoot et l’entraineur de l’équipe nationale, Jean Paul Akono pour rejoindre la sélection à l’occasion du match amical de Genève contre l’Albanie. J’étais dans le staff technique des Lions.
Parlez nous de cette aventure avec les Lions à Genève. Comment s’est-elle déroulée?
Le voyage de Genève s’est très bien passé. J’étais juste observateur. Et j’ai beaucoup appris derrière l’entraineur Jean Paul Akono. Je pense qu’on a besoin de quelqu’un de stable, qui est capable de faire comprendre aux joueurs qu’il faut qu’on retrouve dans leur sang le drapeau Vert-Rouge-jaune. Parce que les jeunes camerounais oublient de jour en jour ce qu’on appelle l’amour de la patrie. C’est une très grande valeur que les hommes ont. J’ai constaté que Jean Paul Akono avait cette capacité à introduire cet esprit dans les joueurs. Ils l’ont compris. Avant l’entrainement, les joueurs chantaient l’hymne national. C’était incroyable.
Comment avez-vous trouvé les attitudes des joueurs, notamment celle du capitaine Samuel Eto’o?
Samuel Eto’o, je ne le connaissais pas personnellement avant ce voyage. Et pour peu de temps que nous avons passé ensemble, je dois dire que c’est quelqu’un qui a envi d’aider ce pays. Mais pour se faire, je pense qu’il a besoin des gens qui le comprennent. Et je crois que Jean Paul Akono comprend très bien ce garçon. Pour ce qui est des autres joueurs, j’ai vu des jeunes qui s’amusaient comme de petits enfants. Et j’avais la chair de poule. J’avais l’impression de rêver. Parce que c’était différent de ce que j’entendais dans les médias. Avant les regroupements ils se réunissaient autour de leur capitaine, ils s’embrassaient tous, riaient et se taquinaient un peu aussi. C’était extraordinaire. C’est ce qu’il faut dans un groupe.
Quelle lecture faites-vous au regard du football camerounais?
Je dirai que le football camerounais a régressé, et il continue même de le faire. Je continue de penser que nous avons des enfants très talentueux, mais mal exploités. Nous avons un très bon football. Au Cameroun les gens n’ont pas encore compris qu’il faut de la patience. Il faut donner le temps à l’entraineur, pour lui donner justement le temps de construire. Chaque entraineur arrive avec une idée de réussite. Cependant, il faut du temps. Même s’il perd les premiers matches. On doit le laisser poursuivre ses objectifs. J’ai assisté à des séances d’entrainement de certains clubs à Douala et à Yaoundé, j’ai constaté qu’il y avait du talent. J’aimerai pouvoir amener des jeunes joueurs européens dans le championnat camerounais. Et c’est dans ce sens que j’ai rencontré madame Eko Céline du Canon avec qui j’ai beaucoup discuté. Nous avons gardé le contact. Et si c’est possible, je n’hésiterai pas à le faire.
Pensez-vous que le Cameroun pourra se qualifier pour le Mondial 2014?
Je pense que le Cameroun va se qualifier pour la Coupe du monde de 2014. Le programme du sélectionneur est un programme de très haut niveau. C’est un style propre aux grandes nations européennes. Ce programme va nous permettre d’arracher notre qualification. Et d’ici quelques temps, on verra une équipe des Lions totalement imbattable.
Par Arthur Wandji à Yaoundé
