La finale de la Ligue des Champions entre le PSG et Inter Milan ne se résume pas à une simple opposition tactique. Elle symbolise surtout deux visions radicalement différentes de la gestion d’un club de football. D’un côté, le PSG, financé par des fonds qataris, incarne une approche ultra-capitaliste, axée sur la visibilité mondiale. De l’autre, l’Inter, repris par le fonds américain Oaktree Capital, illustre une gestion plus rigoureuse, privilégiant la rentabilité à long terme.
Oaktree Capital et la renaissance financière de l’Inter
En 2021, Oaktree Capital a rebaptisé sa division ”Distressed Debt” (dette en difficulté) en ”Opportunistic Credit”, reflétant sa stratégie : racheter des entreprises en crise pour les restructurer avant de les revendre avec profit. Lorsque le groupe chinois Suning, propriétaire de l’Inter, s’est retrouvé au bord de la faillite après la pandémie, Oaktree est intervenu. Initialement, le fonds ne souhaitait pas posséder le club, mais aider Suning à le céder. Cependant, face à l’accumulation des dettes et au désintérêt des repreneurs potentiels, Oaktree a finalement pris le contrôle en mai 2023.
Contre toute attente, cette reprise hasardeuse s’est transformée en succès. Grâce à une campagne européenne impressionnante, la valeur de l’Inter a dépassé le milliard d’euros. Une aubaine pour Oaktree, qui pourrait désormais soit investir davantage, soit attendre que le club prenne encore de la valeur avant une future vente.
Capitalisme pour Inter, PSG, vitrine du soft power qatari
À l’opposé, le PSG représente l’ambition sans limites d’un État. Malgré une communication recentrée sur une image plus “authentique” – avec des jeunes talents comme Désiré Doué (45 M£) ou Bradley Barcola (40 M£) –, le club reste une machine financière. Les dépenses faramineuses (comme les 60 M£ dépensés pour Khvicha Kvaratskhelia en janvier) sont assumées, car l’objectif dépasse le simple football : il s’agit de renforcer l’influence du Qatar à travers le sport.
Contrairement à l’Inter, qui doit vendre ses joyaux (Achraf Hakimi, André Onana) pour équilibrer ses comptes, le PSG peut se permettre des pertes colossales. Son sponsor Qatar Airways verse 60 M£ par an, contre une somme quatre fois moindre pour un partenariat similaire à l’Inter.
Deux philosophies, une même réalité : le football-business
Sur le terrain, les styles s’opposent : l’attaque flamboyante du PSG contre la défense solide et expérimentée de l’Inter. Mais derrière cette dualité se cache une vérité plus crue : aucun des deux clubs n’échappe à la logique financière.
Si l’Inter séduit les puristes par sa gestion raisonnée, Oaktree n’agit pas par amour du football, mais pour le profit. De même, les joueurs du PSG ne sont pas conscients de représenter un outil géopolitique.
En définitive, cette finale met en lumière les contradictions du football moderne : entre despotisme économique et capitalisme froid, les supporters n’ont d’autre choix que de “choisir leur camp”. Jusqu’à ce que les clubs reviennent vraiment à leurs bases populaires, ces compromis resteront la norme.












