Depuis mardi dernier, le banc de touche des Lions indomptables connait ses locataires. Javier Clemente (sélectionneur principal), François Omam Biyik (adjoint N°1), Jacques Songo’o (adjoint en charge des gardiens de buts). Voilà pour ce qui est officiel. Officieusement, on parle d’un contrat d’une durée de deux ans et de 20 millions Fcfa mensuellement pour J. Clemente.
On parle aussi d’un salaire mensuel de 7 millions Fcfa pour le préparateur physique que le technicien espagnol emmènera avec lui au Cameroun.
Pour ce qui est des termes du contrat (durée et salaire) des deux techniciens Camerounais (qui ne sont pas des fonctionnaires), RIEN ! Motus et bouche cousue !
A moins d’une révolution, on risque se retrouver dans la situation ante. Une tradition qui veut qu’un technicien camerounais n’ait pas, officiellement, de contrat de travail encore moins un salaire connu du grand public.
On prend note de la volonté des pouvoirs publics de titulariser des locaux aux postes d’adjoints. Mais la logique du professionnalisme, que nous clamons haut et fort, devrait être également une réalité pour ces deux techniciens camerounais.
De quel poids vont peser nos deux compatriotes devant Javier Clemente lorsqu’il se rendra compte que ses deux collaborateurs ne sont que des … nègres de service ?
Il est temps qu’on récompense les talents de chez nous à leur juste valeur. Leur rendement en dépend certainement. Ceci résoudra quelques problèmes.
- Ils auront les moyens de travail comme leur collègues occidentaux (et donc, leur rendement sera jugé sur des bases objectives) pour exercer.
- Ils ne vont pas céder à la tentation de « bipper » leurs joueurs pour communiquer avec eux comme l’avait d’ailleurs confessé un récent technicien Camerounais.
- Le peuple ne les soupçonnera pas, à tord et à travers, de faire du raquette.
- Et last but not the least, ils auront la présomption d’avoir de l’ascendance sur leurs poulains qui ne croient qu’aux millions.
Un contrat leur permettrait aussi d’éviter de se retrouver dans la précarité advenant une rupture de contrat. A ce propos, Alain Wabo dit « Cappello », l’ancien coach des Lions Juniors, a confessé sur un plateau de télévision camerounaise, qu’il n’a jamais reçu le moindre mois de salaire pendant les deux années qu’il a passées à la tête des Lionceaux. No comment !
Six participations à la Coupe du monde et quatre trophées de CAN plus tard, il est temps qu’on s’arrime au professionnalisme. Tenez, le Nigeria nous administre une vraie leçon dégoulinante de pertinence. Selon la presse locale, l’instance fédérale serait prête à offrir un contrat de quatre ans avec un salaire mensuel de 20.000 dollars (environ 10 millions Fcfa) à Samson Siasia (ancien entraîneur des équipes des moins de 20 ans du Nigeria, finaliste du Mondial 2005, et olympique, médaillée d’argent aux JO 2008). Un peu trop juste au goût de Siasia qui s’attendait ce qu’on lui propose 100.000 dollars (50 millions Fcfa) par mois, auxquels s’ajouteraient un logement, une voiture neuve avec chauffeur et un cuisinier. Même s’il semble être gourmand, ses exigences restent, malgré tout, raisonnables en comparaison de la rémunération de l’ex-sélectionneur Lars Lagerbak qui percevait mensuellement 300.000 dollars (150 millions Fcfa) pendant les 5 mois qu’il a passés au Nigéria. Les négociations entre Siasia (qui devrait être confirmé du jour au lendemain) et la fédération nigériane suivent leur cours. Rideau.
Il serait d’ailleurs de bon ton qu’on donne à César ce qui est à César. Et qu’on prouve qu’au Cameroun, un technicien, fut-il adjoint, peut être prophète chez lui, avec des commodités de travail décentes comme c’est le cas au Nigeria voisin.
Eric Roland Kongou, à Douala