Le Stade Al-Barid de Rabat a été le théâtre d’une nuit amère pour le football camerounais. Dans une demi-finale des barrages africains pour la Coupe du Monde 2026, les Lions Indomptables ont plié face à une RD Congo. Ce match qui aurait été une formalité il y a encore quelques années s’est revelé être un cauchemar. Des Léopards, revanchards, par le billet de Chancel Mbemba, on crucifié le scalp des Lions à la 90e+3.
Pour la première fois depuis 1998, les Léopards ont dompté les Lions en match officiel, brisant un jeûne de 27 ans. Ils ont renvoyer le Cameroun chez lui sans billet pour le grand rendez-vous américain. La rencontre, disputée sous une pluie parfois fine mais souvent saccadée a rendu la pelouse traîtresse. Au vu des statistiques, le Cameroun a outrageusement dominé les débats : 62 % de possession, 12 tirs dont 4 cadrés, et une avalanche d’occasions gaspillées.
Marc Brys avait aligné un 4-3-3 offensif, avec Bryan Mbeumo en fer de lance. Mais le manque de réalisme a été fatal.
« Nous avons contrôlé le jeu, créé des espaces, mais manqué de précision dans le dernier geste », a confié Brys en conférence de presse, la voix lourde de regrets. « Ce n’est pas une question de chance, c’est une leçon collective. Le Cameroun mérite d’être au Mondial, mais nous avons payé notre stérilité. »
Marc Brys, sélectionneur du Cameroun
Elimination des Lions indomptables de la CM2026: massue financière pour la Fécafoot
Du côté congolais, Sébastien Desabre, l’ancien coach de Coton Sport, a orchestré une masterclass défensive. Son 4-2-3-1 compact, avec Mbemba en patron de la défense, a étouffé les assauts camerounais. Le but décisif, sur corner botté par Brian Cipenga, a vu Mbemba surgir au second poteau pour une reprise instinctive qui a surpris André Onana. Le gardien international a pourtant été héroïque toute la soirée malgré une gêne au genou.
« C’est historique pour nous », a exulté Mbemba, capitaine pour sa 100e sélection. « Nous avons cru, tenu, et frappé au bon moment. Le Cameroun est grand, mais ce soir, les Léopards ont rugi plus fort. »
Les réactions au Cameroun ont fusé comme des uppercuts. Sur les réseaux, #LionsOut a trendé, avec des supporters pointant du doigt non seulement Brys, mais aussi la FECAFOOT et le ministère des Sports.
Samuel Eto’o, président de la fédération, a posté un message laconique sur les réseaux : « Déception immense, mais tête haute. Nous rebondissons pour la CAN 2026. »
Vincent Aboubakar, capitaine muet mais infatigable, a tenu une conférence improvisée à l’hôtel :
« J’ai affronté la RDC deux fois sans perdre en sélection. Ce soir, c’est dur, mais ça nous forge. Oublions les egos, unissons-nous. »
Un avis partagé par Frank Zambo Anguissa, qui n’a pas joué pour blessure :
« C’est un coup au moral, mais pas au ventre. On reviendra plus forts. »
Cette élimination n’est pas qu’un revers sportif ; elle ravive les plaies d’un football camerounais en crise chronique. Avec une infirmerie pleine (Anguissa out deux mois, Onana incertain), des tensions internes entre Eto’o et le ministre Narcisse Mouelle Kombi, et un processus électoral à la FECAFOOT bloqué, les Lions entrent dans une période de turbulence. La RD Congo, elle, file en finale contre le Nigeria dimanche, rêvant d’un premier Mondial depuis 1974. Pour le Cameroun, l’horizon est la CAN 2026 au Maroc : un rendez-vous pour panser les blessures et raviver la flamme indomptable. Mais combien de temps les supporters patienteront-ils avant de réclamer du sang neuf et dans l’administration, dans l’effectif ? Le débat est lancé, et il risque de faire rage.












