Après l’élimination catastrophique des lions indomptables au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé (2 – 0 à Praia ; 2 – 1 à Yaoundé) contre les requins bleus, le meilleur buteur du champion du Cameroun pour sa première convocation dans la tanière exprime sa déception. L’attaquant champion du Cameroun en titre décrie l’ambiance dans le groupe durant le stage du Hilton et émet le souhait de revivre ces instants. Pour sortir, Joël Babanda continue d’attendre sa première sélection en équipe nationale.
Comment avez-vous vécu votre première convocation en équipe nationale ?
Les choses se sont bien déroulées. Il y avait beaucoup de joie tout au long du stage. Les choses se terminent sur une note triste, car on aurait bien voulu arracher notre qualification. Personnellement, je garderais de très bon souvenir de mon séjour dans la tanière avec le brassage de génération. Je suis sorti grandi de ce regroupement.
Avez-vous ressenti une réconciliation véritable entre les différents clans ?
Je dois dire que, dès l’entame du stage, j’ai senti une réelle adhésion des personnes présentes, que ce soit les encadreurs comme les joueurs et même les administrateurs qui venaient de temps à autre. J’ai eu la nette impression que les conflits latents qui ont existé ont été assainis, ou au minimum mis de côté. Tout le monde convergeait vers une seule et même ambition, à savoir se qualifier pour la CAN 2013. C’était l’adhésion totale autour de cet objectif. J’ai pu recueillir des confidences de quelques anciens qui avouaient que ça faisait longtemps qu’ils n’avaient plus connu un climat assez sain. Et ils ont manifesté leur joie de retrouver un climat aussi agréable dans la tanière.
Et le bizutage de jeudi à l’entraînement ?
(Rires) Déjà je pense que c’est une scène qui doit me rester en mémoire. Car le scénario n’était pas prévu d’avance, du moins pour nous les nouveaux. C’est après que nous apprenions qu’il est de tradition dans la tanière que les bleus se plient au « bizutage ». Cette imprégnation est impulsée par le capitaine qui est appuyé par tous les cadres. Au-delà de se faire chambrer durant ce moment, c’était très sympa. Grande fût mon émotion car il y avait en plus sur la pelouse les anciennes gloires : Milla, Ekeke, Bell. Ce fût mémorable comme instant !
Selon vous, quelle peut être la symbolique de la transmission du brassard de Nkoulou à Samuel Eto’o ?
Je pense que ce geste ne signifie rien d’autre que le rétablissement de la hiérarchie. Voir Nicolas Nkoulou qui remet le brassard à Eto’o, c’est lui dire que : « j’estime que c’est à toi que revient cette responsabilité. Si jamais tu n’es pas en sélection, je peux l’assumer. Mais quand tu es parmi nous et que tu es compétitif, c’est pratiquement un droit que ce soit toi qui sois capitaine ». Non pas pour créer un quelconque commentaire. Mais juste que les choses sont assainies ou sont sur le point d’être assainies de l’intérieur, sous l’initiative des joueurs. Il était également question de créer un climat favorable afin que chacun se sente à l’aise chaque fois qu’il est convoqué en sélection.
Quel a été le discours que vous ont tenu les huit ancien lions (Bell, Milla, Ekeke, Abega, Kunde, Djonkep, Dip-Akem… au cours de leur visite à l’hôtel durant le stage ?
C’est toujours avec une immense fierté qu’on revoit ces figures d’hier qui ont marqué l’histoire de notre football. Ils viennent transmettre un certain esprit aux personnes qui sont là aujourd’hui en leur narrant leurs expériences. En ces mots : « Nous sommes de ce côté aujourd’hui. Hier nous étions à votre place. Nous avons vécu des moments difficiles. Nous n’avons pas été d’accord chaque fois. Mais ce qui fait que nous soyons ensemble aujourd’hui, c’est parce que nous nous respectons. Nous sommes fiers de partager les souvenirs gardés durant cette période ». Le mot qui revenait dans la bouche de chacun d’eux était : « soutien ». On vous soutient, on vous soutiendra quelque soit le résultat,nous sommes des sportifs et nous savons qu’en sport il y a trois résultats possibles (victoire, défaite, nul). Nous sommes conscients que vous donnerez le meilleur de vous pour arracher cette qualification. Mais sachiez que peu importe le résultat, nous vous soutiendrons aujourd’hui, comme nous l’avons fait hier, et nous le ferons demain dans la victoire comme dans la défaite.
Ils sont venus en qualité de premiers supporters. Il était également question pour ces anciens de s’ériger en barrière protecteur et de nous demander de nous concentrer uniquement sur le match : « Tout ce qui doit venir après, nous serons toujours là pour vous défendre s’il le faut, pour vous protéger des éventuels coups que les uns et les autres adviendraient à vouloir vous donner ». Ils ont été présents à nos côtés plus d’une fois. Ceci a été très chaleureux.
Quel est votre sentiment après cette non qualification?
C’est clair que c’est une déception. Je dirai même que c’est une grande déception, quand on connait ce que représente le Cameroun dans le domaine du football sur l’échiquier mondial et continental. Pour moi elle est encore vive, d’autant plus que tout le peuple a vibré pour qu’on puisse parvenir à cette qualification. C’est tout le peuple qui la voulait. De tout temps, le foot a toujours représenté quelque chose d’important au pays. Voir le Cameroun comme ça absent pour la deuxième fois consécutive à ce concert des nations qu’est la CAN, c’est douloureux ! C’est doublement douloureux pour moi d’abord en tant que joueur et en tant que camerounais. Pour avoir regardé la précédente édition à la télévision, je pense à ce coup qu’avec l’absence du Cameroun, les gens adhèreront moins à cette édition de la CAN. Ils regarderont sans doute le match d’ouverture, et après les quarts de finale, les demi finales et la finale. Ils ne regarderont pas avec le même engouement que si les lions indomptables y prenaient part, moi le premier.
Au regard de la prestation du Cameroun le 14, pensez-vous que les lions méritaient cette qualification ?
Je pense que nous nous sommes procurés plusieurs occasions, nous avons manqué de réussite. Je ne peux pas dire, rien que sur la base du match retour, que nous le méritions ou pas. Car c’est une qualification qui s’est jouée en aller et retour. Sur le match retour nous avons mérité de gagner. Je crois que sur ça tout le monde est d’accord. En même temps le mal était déjà fait bien avant… Je ne pense pas que nous avions démérités. Nous aurons sans doute des regrets. Chrétien comme je suis, j’aime dire que c’est Dieu qui n’a pas voulu.
Un dernier mot ?
J’espère pouvoir revivre ces moments en sélection. Je souhaite que la prochaine, il ne serait pas question pour moi de fêter une convocation, mais une sélection.
Propos recueillis par James Kapnang