Il y a des débuts de tournoi qui racontent déjà une histoire. Celui des Étalons, ce mercredi soir au complexe Mohammed‑V de Casablanca, appartient à cette catégorie. Longtemps bousculés, menés au score, réduits à leurs ultimes forces, le Burkina Faso a trouvé les ressources pour renverser la Guinée équatoriale dans le « Fergi Time ». Une entrée en matière pleine de caractère, presque un manifeste.
Pendant plus d’une heure, la rencontre a ressemblé à un bras de fer sans grande ouverture. Le Burkina Faso, privé de plusieurs titulaires au coup d’envoi, a peiné à installer son jeu. La Guinée équatoriale, fidèle à son identité, a misé sur un bloc compact et des transitions rapides, souvent initiées par le duo Bikoro–Ganet au milieu.
La première véritable alerte est d’ailleurs venue du Nzalang Nacional, lorsque José Machín a obligé Hervé Koffi à une parade réflexe sur une frappe sèche à la 32e minute. Les Burkinabè, eux, n’ont cadré qu’une seule tentative avant la pause, un tir lointain de Dango Ouattara, facilement capté par Owono.
Le tournant : l’expulsion de Ndong
Le match a basculé à la 50e minute. Basilio Ndong, déjà averti, a laissé traîner le pied sur Issa Kaboré. Deuxième jaune, exclusion logique. À dix contre onze, la Guinée équatoriale a reculé, mais sans rompre immédiatement. Le Burkina Faso a monopolisé le ballon (près de 70 % de possession après l’expulsion), sans pour autant trouver la faille.
C’était pourtant contre le cours du jeu que le Nzalang a frappé. Sur un ballon mal renvoyé par la défense burkinabè, Marvin Anieboh a surgi au second poteau pour tromper Koffi d’une reprise croisée (0‑1, 85e). Le banc équato‑guinéen a explosé, persuadé d’avoir fait le plus dur.
Un temps additionnel d’anthologie
Mais cette équipe burkinabè a la peau dure. Et un mental qui ne cesse de surprendre depuis plusieurs années. Alors que les premières chaises se repliaient déjà dans les tribunes, Georgi Minoungou a égalisé d’un geste plein de sang‑froid, profitant d’un ballon mal négocié par la défense adverse (1‑1, 90+5e).
Le coup de massue est arrivé trois minutes plus tard. Sur un dernier corner, Edmond Tapsoba, monté aux avant‑postes, a dominé tout le monde dans les airs pour placer une tête imparable (2‑1, 90+8e). Le défenseur du Bayer Leverkusen, capitaine exemplaire, a couru vers le banc dans une célébration qui en disait long sur le soulagement et la détermination du groupe.
Un outsider qui assume son statut
Ce renversement spectaculaire confirme ce que beaucoup pressentaient : le Burkina Faso, demi‑finaliste en 2021, avance masqué mais avec de vraies ambitions. Le sélectionneur Brama Traoré, souvent critiqué pour son approche prudente, a cette fois été récompensé par la ténacité de ses joueurs.
« On n’a jamais lâché, même quand tout semblait perdu », a‑t‑il soufflé après la rencontre, encore secoué par l’intensité de la fin de match.
Cette victoire place les Étalons en tête du groupe E avant un choc déjà crucial face à l’Algérie, le 28 décembre. Les Fennecs, eux, affrontaient un peu plus tôt dans la journée le Soudan au stade Moulay‑El‑Hassan de Rabat.
La Guinée équatoriale, malgré une prestation courageuse et un Owono longtemps impeccable (6 arrêts), devra impérativement réagir contre ces mêmes Soudanais pour espérer voir les huitièmes de finale.












