Samuel Eto’o Fils, ancien joueur du FC Barcelone, sait faire marcher la République du Cameroun. À coup de pagaie, de menaces, il réussit à se protéger de la marmaille administratico-politicienne. Il les connait, ces politiciens qui se font passer pour fortes, mais qui de l’intérieur sont plus fragiles que les œufs. C’est avec brio qu’il a réussi à arrêter la menace de la suspension de l’assemblée générale élective qui va le couronner le 29 novembre prochain. L’arrêt des élections, décrété par le ministre des sports et sa demande expresse transmise au ministre de l’intérieur est à peine sortie que Samuel Eto’o a étalé son grand bluff : la FIFA et la CAF, rien de moins viendront superviser ses élections. Bravo. Brillant. Époustouflant.
Relayé par ses divers médias et ses innombrables média-sociaux, la mayonnaise a pris. Tous les ministres impliqués se sont alors mis au pas. Personne n’a cherché à contre-vérifier cette information.
Le grand mensonge
Camfoot.com est à mesure de confirmer que la FIFA et la CAF n’enverront aucune officiel superviser les élections du Cameroun. Contactés par nos soins, la cellule de communication de la FIFA affirme que « sauf en cas de la mise en place par la FIFA conformément à ses dispositions statutaires d’un comité Adhoc pour gérer de manière temporaire une de ses associations-membres », elle ne s’ingère pas dans les affaires internes des fédérations sportives.
La Fécafoot et Samuel Eto’o ont donc menti, ceci dans le but d’arrêter la menace qui pèse sur cette institution.
Dans un communiqué daté du 18 novembre, abondamment relayé dans les médias, la Fécafoot annonçait que des émissaires de la FIFA et de la Confédération africaine de football (CAF) seraient présents pour superviser le scrutin. Cela a balayé la menace qui pesait sur l’issue de l’AGE qui allait introniser Samuel Eto’o, seul candidat retenu, à la présidence de l’institution. Il devrait donc être réélu par acclamation, chose qui n’est pas arrivée à la Fécafoot depuis plus de 15 ans et Mohamed Iya. Il faut dire que ce bâtisseur fonctionnait pas consensus et non à coup de bannissement des activités du football comme l’ancien jour de Anzhi Makachkhala
La Fécafoot et Samuel Eto’o devraient indiquer quels statuts fait jurisprudence dans ses élections
Le Ministre des Sports avait demandé par courrier à la Fécafoot de répondre à un certain nombre de questions. Parmi elles, il souhaitait savoir sous les statuts adoptés à quelle date ces élections se tenaient. C’est que depuis qu’il s’est installé à Tsinga, Samuel Eto’o a pris le soin de changer plusieurs articles des statuts. Sous les articles des statuts qui l’on porté à la Présidence en 2021, il tombait sous le coup de l’illégitimité. Selon un de ces articles, toutes condamnations pénales donnaient lieu à une inéligibilité. Par exemple, un détourner de milliards publique, déclare coupable, ne pouvait être éligible à la Fécafoot. Samuel Eto’oa fait tomber le verrou. Il faut qu’il ait désormais fait la prison, avec une preuve de certificat de détention.
Si un braqueur de fonds public, soit-il en trillions de dollars se présente à la Fécafoot, la jurisprudence Samuel Eto’o l’y autorisera. C’est en fait pour plusieurs points litigieux comme celui là qui avaient forcé le Ministre des Sports, à communiquer avec la Fécafoot. Sans aucune réponse, il avait décidé de suspendre le processus électoral, invoquant des irrégularités dans la préparation du scrutin. Cette décision avait provoqué une vive réaction de la fédération, qui a maintenu son calendrier et cherché à rassurer ses membres.
C’est dans ce climat tendu que la Fécafoot a annoncé la venue de représentants de la FIFA et de la CAF, censés garantir la transparence et la régularité du vote.
Une annonce qui interroge
Problème : ni la FIFA ni la CAF n’ont publié de communiqué officiel confirmant cette supervision. Les sites institutionnels des deux instances restent silencieux, et aucune déclaration publique n’a été faite par leurs porte-parole.
Cette absence de confirmation nourrit les interrogations. S’agit-il d’une véritable mission d’observation internationale, ou d’une stratégie de communication de la Fecafoot pour renforcer sa légitimité face au gouvernement ?
La FIFA est déjà intervenue dans des crises électorales au sein de fédérations nationales, mais généralement par des mesures formelles : suspension de fédérations, mise en place de comités de normalisation, ou envoi d’observateurs annoncés officiellement. Ce cas au Cameroun se distingue par une annonce unilatérale de la fédération, sans validation publique des instances internationales.
Une bataille de crédibilité où la raison est celle de doubler son vis-à-vis
Cet enjeu dépasse clairement le football. La supervision annoncée, qu’elle soit réelle ou instrumentalisée, devient un outil politique dans un affrontement entre la Fecafoot et l’État. La crédibilité du scrutin dépendra désormais de la présence effective – ou non – des représentants de la FIFA et de la CAF le jour de l’élection. Mais Samuel Eto’o a plus d’un tour dans sa main. Il pourra, avec son lourd carnet d’adresse, inviter un ou deux membres du Comité Exécutif de la CAF, pour assurer le décorum. Qui ne se souvient pas des faux émissaires censés du processus électoral lors de la Présidentielle 2018 au Cameroun ?












