Ils n’étaient pas les favoris de la dernière coupe d’Afrique des nations. Et pourtant, les lions indomptables sont passés à deux doigts du sacre continental. Une grosse bouffée d’oxygène pour Otto Pfister qui était particulièrement attendu au tournant. Deux records vont par contre prendre une place honorable dans la tanière des lions : celui de meilleur buteur de l’histoire de la CAN et celui du plus grand nombre de matchs disputés par un seul joueur. Quelques morceaux choisis de l’aventure Ghanéenne.
La douloureuse entrée
Après un stage passé au Burkina-faso, les lions indomptables vont se soumettre à plusieurs parades ecclésiastique et protocolaire dont seul le Cameroun détient le secret. Le match d’au revoir au stade Hamadou Ahidjo ne va pas donner comme à l’accoutumer l’ossature d’un onze idéal. L’effectif est par contre au complet avec l’arrivée de Samuel Eto’o fils. Seul le chauvinisme des Camerounais va permettre à tout un peuple de croire en son équipe précédemment hantée par la procédure de nomination tardive de son entraîneur. Pas un hasard si les observateurs n’imaginent pas les lions indomptables battrent le record du Caire (éliminés en ¼ ndlr).
Confirmation va être rapidement faite avec la douloureuse entrée des lions dans la compétition. Dans une rencontre à trois doublés (Hosny et Zidan pour l’Egypte, Eto’o fils pour le Cameroun ndlr) ils vont s’incliner face à l’Egypte (2-4). Une défaite qui va mettre à mal le staff technique. Des rumeurs de changement d’entraîneur se font de plus en plus fort dans l’entourage des fauves d’Afrique Centrale.
La réaction rapide
C’est une équipe complètement transformée dans son classement et son mental qui va affronter la suite de la compétition. Pour dévorer les « chipopolos », Emana, Mbami, et Alexandre Song vont stabiliser le milieu de terrain. Geremi va ouvrir le bal à la 30e minute sur coup franc consécutif à une faute sur Emana à l’entrée de la surface zambienne. Job (2 buts), Emana et Eto’o vont définitivement donner l’avantage au Cameroun qui va s’imposer sur le score de 5 buts à 1.
– La phrase célèbre … Mohamadou Idrissou : « je ne peux pas finir sans marquer »
Avant le dernier match de poule contre le Soudan, l’attaquant de Fribourg s’était confié au micro de Camfoot.com.
À la question de savoir quels étaient ses objectifs, il va répondre sans encombre dans un style propre à lui : « Marquer aussi 2 ou 3 buts parce que je ne peux pas finir cette compétition sans marquer même si c’est comment. Et je sais que j’ai aussi des buts à marquer avant la fin de cette CAN. »
L’histoire ne lui donnera pas raison puisqu’il sera incapable de transformer la moindre occasion de but.
Le Soudan dans la dernière rencontre du groupe C va aussi subir les frais de la rage des lions indomptables. Trois buts (2 de Eto’o) seront suffisant pour passer au deuxième tour. Le Cameroun s’impose par 3 buts à 0 et assurent l’essentiel : la qualification.
Autour des lions par Bertille Missi Bikoun, Mutations
« Au niveau de la discipline, je crois qu’on ne peut faire de grands reproches aux Lions indomptables qui respectent les consignes des coaches. Cependant, il y a des petits cas d’indisciplines qui ne sont connus du grand public mais qui n’entament pas de manière fondamentale la sérénité du groupe. Personnellement, je suis habituée de la tanière des Lions et je ne trouve pas grand-chose à les reprocher. C’est vrai que certains confrères se plaignent de certains Lions qui refusent d’accorder des interviews, mais il faut reconnaître qu’il y a des confrères qui ne les abordent pas dans un cadre strictement professionnel et cela peut les agacer. De l’autre côté, les Lions ont l’obligation d’accorder des interviews aux journalistes car nous sommes venus des quatre coins du monde pour venir rendre compte de cette compétition et ce ne serait pas bien pour les Lions de ne pas s’acquitter de ce devoir car s’ils sont aujourd’hui de grands joueurs, de grands noms, c’est grâce à nos supports qui permettent de les médiatiser. »
Un « cerveau » sauveur
Le deuxième tour va être marqué par le retour en grâce de Stéphane Mbia. Auteur d’une piètre prestation (comme toute l’équipe) au premier match, il sera le héros du ¼ de finale. À Tamale, les lions indomptables vont venir à bout de la sélection nationale de Tunisie par le score de 3 buts contre 2 dans un match très riche en suspens. Le rennais et Geremi Njitap vont d’abord donner l’avantage aux lions en première mi-temps. Après l’égalisation des Tunisiens, Stéphane Mbia va récidiver dans les arrêts de jeu et donner définitivement la qualification au Cameroun.
En demi-finale, la tradition sera scrupuleusement respectée. Comme en 1984, 1988, 1992, 2000 et 2002, le Cameroun ne laissera aucune chance au pays organisateur. Sur une passe limpide de Samuel Eto’o, Alain Nkong envoie les Lions indomptables en finale. Un but monumental de l’enfant de Nkoldongo entré en seconde mi-temps crucifie le Ghana. Le Cameroun sera de nouveau opposé aux pharaons victorieux des Eléphants de Cote d’ivoire (4-1).
Une deuxième place inespérée mais méritée
Contre les Pharaons, les Lions sont tombés les armes à la main. L’Egypte va battre le Cameroun 1 but contre 0 en finale de la coupe d’Afrique des Nations. Le but est survenu à la 76ème minute sous une erreur grossière de Rigobert Song. Sans émerveiller, les lions vont ravir et nous donner une fierté longtemps écorchée par ses résultats approximatifs. Un style « made in Germany » basé sur le réalisme et l’efficacité va désormais accompagner les hommes de Pfister. Le technicien Allemand va réussir en 2 mois de fonction l’exploit de hisser les lions sur la deuxième marche du podium. Une place inespérée mais méritée.
Alexandre Song la révélation
Un Song peut en cacher un autre. Au début de la CAN ghanéenne, le public n’en connaissait certainement qu’un, le capitaine des Lions Rigobert. Mais voilà, par la force des choses un autre est en train d’exploser sur la scène continentale. Il s’agit d’Alexandre Song, neveu du premier. Suite à la débâcle camerounaise lors du premier match de la CAN face à l’Egypte, le coach des Lions Otto Pfister le lance dans le bain à la mi-temps. Durant la seconde période, ce milieu de terrain défensif redonne une certaine stabilité à l’entre jeu camerounais, où il se fait remarquer par sa combativité et son sang froid. Normal que « Petit Song » figure en bonne place dans le onze type de la compétition.
Place aux records
– Le jour où la liste pour l’expédition ghanéenne était dévoilée, Camfoot.com a battu son record avec plus de 20 000 visiteurs uniques. Une performance unique réalisée grâce à ses lecteurs qui ont fait de ce site le premier media sur le football Camerounais.
– Samuel Eto’o fils va battre dans un premier temps le record du meilleur buteur Camerounais de l’histoire de la CAN détenu par Patrick Mboma (11 buts) avant d’en être le meilleur réalisateur de tout les temps. Un record qui était détenu par l’Ivoirien Laurent Pokou.
– Avec 31 matchs dans les jambes, Rigobert Song est le joueur africain ayant disputé le plus grand nombre de rencontres dans l’histoire de la CAN. Le capitaine des lions indomptables n’aura vu qu’une seule fois le carton jaune. Un paradoxe quand on sait qu’il compte 2 cartons rouge à son actif en 3 participations dans une phase finale de la coupe du monde.
– 14 buts marqués par l’équipe du Cameroun lors de la CAN du Ghana. Un chiffre qui peut paraître surréaliste quand on rentre dans le passé même lointain de ce géant d’Afrique. Le triomphe de 1988 au Maroc en est l’exemple parfait.
Aussi … la misère des medias camerounais
Ils étaient très nombreux à prendre part à l’expédition Ghanéenne. Un record absolu dans l’histoire de la CAN. Et pourtant, la honte était un bien petit mot pour désigner le quotidien des médias (privés) Camerounais qui couvraient la 26e Coupe d’Afrique des Nations. Habituellement confrontés aux problèmes de liberté d’expression, les hommes de médias devaient surtout faire face aux états d’âmes organisés du ministère des sports et de l’éducation physique.
Pour justifier l’isolement et la marginalisation de l’ « autre presse », il était régulièrement reproché à certains de « tirer » sur le ministre, pour reprendre exactement les termes employés dans son entourage.