Eric Djemba Djemba : Les Lions préparent une surprise à la veuve de Marco. Le footballeur est en vacances au Cameroun, après avoir signé dans le prestigieux club anglais Manchester United: Interview.
Ce contrat signé avec Manchester United, c’est un rêve qui se réalise?
Comme tu le dis, je réalise un rêve d’enfant : évoluer dans ce prestigieux club, le club de mon rêve, de mon idole, Eric Cantona. Il y a une dizaine d’années, je regardais avec une grande admiration les matchs du Français. Ce qui a d’ailleurs emmené mes amis à me surnommer Cantona, surnom que je porte encore jusqu’à ce jour. En signant le contrat il y a un peu plus de deux semaines, en présence de Sir Fergusson et des dirigeants, j’ai compris que ma vie venait de basculer.
Pourquoi avoir alors attendu la fin de la coupe des confédérations pour signer ?
Fergusson, pour qui j’ai un respect inestimable, a toujours souhaité que je signe avant la coupe des confédérations. Il me l’a d’ailleurs rappelé deux semaines avant le début de la compétition. Mais, les entraîneurs ont refusé, prétextant que je devais rapidement rejoindre le groupe. Ce qui a retardé la signature de mon contrat qui s’élève à 6 millions et demi d’euros (environ 4 milliards de Fcfa), contrairement à ce que les gens disent. Je ne crois pas que mon rendement lors de cette compétition ait changé quoi que se soit. Manchester voulait m’avoir à tout prix.
Tu seras le premier Camerounais à évoluer dans ce club mythique…
Je suis encore ému par cette réalité. On peut les compter par milliers les footballeurs qui rêvent de porter un jour les couleurs de Manchester United. Le regretté Foé aurait pu le faire, n’eut été ce vilain accident à la veille de la coupe du monde 98. Je voudrais dire une fois de plus merci à ce grand frère aujourd’hui disparu, pour les nombreux conseils qu’il m’a apporté. Marco m’avait appelé, quelque temps après notre élimination en Champions League, pour me dire que Fergusson était sur ma piste, et il a été la première personne que j’ai informée lorsque j’ai eu la confirmation que j’évoluerai à Manchester.
Revenons un peu à la coupe des confédérations, qu’est ce qui a fait la force des Camerounais ?
Cette compétition nous a permis de nous racheter auprès de nos millions de fans. L’envie de prouver que nous n’étions pas finis, de nous faire pardonner, l’envie de gagner, cette envie ne nous a pas quittés une seconde. En plus, le groupe était soudé, les jeunes motivés et déterminés à entrer dans l’histoire. Je crois aussi que notre réussite est liée à la superbe saison que beaucoup parmi nous ont connue en club. Je suis content pour la joie que nous avons procuré aux Camerounais. Je les ai vu contents.
Un qui ne sera plus là pour voir cette joie retrouvée, c’est Foé..
Je me pose sans cesse une question, depuis ce soir fatidique du 26 juin : pourquoi le Seigneur a-t-il permis cela. Qu’est ce que nous avons fait pour mériter ce châtiment ? Plus jamais cela, j’implore le Seigneur. Plus jamais cela. Personne n’avait imaginé cette issue, surtout pas moi, qui était accouru à ses côtés. Nous avons continué à jouer, en nous doutant que quelque chose d’irrémédiable allait se produire. J’avoue que je n’étais plus moi même, même si j’essayais de me convaincre que Marco allait se rétablir. Marco laisse un vide qui ne sera jamais comblé, nous avons perdu un ami, un conseiller, un leader. Mon épouse et moi sommes encore bouleversés et avons régulièrement, tout comme les autres joueurs, une pensée pour Marie Louise. La moindre des choses que nous autres, ses coéquipiers puissions faire, c’est de nous associer et de réconforter Marie Louise. Le groupe a initié quelque chose, une action qui, je l’espère, sera à la hauteur de Marco.
Propos recueillis par Olivier Fokam