M. Garoua a perdu, comme il avait été prédit sur cette page. Il n’avait ni la raison ni le droit de son côté. Si, comme je l’espère, le ministre a déjà déposé sa démission chez le premier ministre, il n’y a rien à dire, sauf lui souhaiter bonne chance.
Mais comme nous savons tous qu’on ne verra jamais chez nous un grand commis démissionner pour avoir clairement mouillé, alors il convient de dire que c’est bien fait pour lui et que ça lui apprendra. Qu’il continue donc de se mêler de ce qui ne le regarde pas vraiment et, surtout, qu’il épouse toujours inconsidérément la querelle de gens qui ne sont pas au-dessus du soupçon.
L’autre grande leçon, c’est que ce n’est pas seulement à Nkololoun et à Penja qu’on trouve des apprentis-sorciers, mais bien aussi au Comité d’urgence de la Fécafoot. Des gens qui sont aux affaires depuis des années, des décennies même, qui ont voté des textes qu’ils appliquent toujours sans s’émouvoir de quoi que ce soit, découvrent subitement que ce qu’ils ont toujours fait est de nature à perturber l’ordre public et à saper l’harmonie dans la famille du foot au pays. Rien que ça !
Une institution comme la Fécafoot, déjà largement décrédibilisée, ne peut tenir valablement que si ses dirigeants parlent d’une même voix. Un vice-président, faut-il le rappeler, n’existe que par la volonté du président qui, lui, est élu à un suffrage nettement plus large. Le vice-président, comme un ministre, la ferme ou s’en va. C’est une règle valable qui est connue de tous. Le traitement qui est réservé aux apprentis-sorciers dans notre pays est également connu de tous.
Le dernier rebondissement dans cette malheureuse affaire, je le sais, crée au sein de la population un sentiment d’abandon et d’impuissance et conforte chez les gogos du football la fausse impression que M. Iya, à leurs yeux le seul et unique problème du football camerounais, est indéboulonnable. Pourtant, l’idée n’est pas tant de déboulonner M. Iya que de réformer une institution dont le fonctionnement pose problème. Malheureusement, il est clair que, face à la palinodie ministérielle et à l’action déplorable d’une coterie de comploteurs qui s’accrochent aux avantages que leur procure un petit strapontin sur lequel ils siègent sans toujours grand mérite, il n’est pas possible de réformer la Fécafoot sans une action brutale de l’État.
M. Iya a encore gagné, et sans coup férir, à la vérité. J’ai l’impression que c’est la lassitude de toujours gagner face à des poids plume qui finira par vraiment fatiguer le président de la Fécafoot. Et si j’avais un conseil à lui donner, ce serait de lui dire que le moment est particulièrement propice. Épingler sur son tableau de chasse personnel la tête d’un gradé et le nœud papillon d’un vieux dandy atrabilaire avant de tirer sa révérence, quelle sortie ça serait quand même !