Le Directeur Technique National (DTN) jette un regard sur les nominations intervenues dans l’encadrement technique des lions indomptables cette semaine. Il prône la collaboration avant de promettre son soutien total au technicien portugais. Robert Corfou évoque aussi son contrat qui arrive à expiration dans quelques mois.
Camfoot.com: Le nouveau sélectionneur du Cameroun est connu. Quelle est votre réaction ?
Robert Corfou: Je pense qu’il était temps de mettre un terme à l’attente, et puis nous allons respecter la décision de la hiérarchie. Nous ne sommes pas à l’heure de la polémique. Artur Jorge, je le connais par l’intermédiaire d’un de ses adjoints du PSG qui s’appelait Denis Troch. Il parle français et c’est déjà un avantage. J’espère qu’il aura l’occasion de venir nous voir à la DTN et travailler avec nous. Il a un objectif de douze mois ; il n’est pas là pour travailler pour l’avenir. C’est une personne qui a de l’expérience, on verra bien ce qui va se passer.
Camfoot.com: Au regard de tous les dossiers reçus, pensez-vous qu’il est l’homme de la situation ?
Robert Corfou: Je ne sais pas. Par contre, je sais que mon ancienne fédération, la fédération française de football, avait reçu une demande pour proposer des entraîneurs, ce qui a été fait d’ailleurs. Ils avaient le choix de prendre Pierre, Jacques ou Paul. Ils ont certainement mesuré le pour et le contre. Je suis content que Jules Nyongha se retrouve dans cet encadrement parce que je l’estime beaucoup. Nous avons un langage qui se rejoint. Yannick Noah et Patrick Mboma vont apporter leur expérience chacun de son côté. Est-ce que cela va bien se passer ? Je crois que seul l’avenir va nous le dire. Il faut maintenant aider cette équipe et rester soudé. Il vaut mieux construire que démolir actuellement.
Camfoot.com: On s’attendait à un entraîneur, on nous en a servi deux. Quel sera le rôle de Raul Aguas ?
Robert Corfou: Je pense qu’il va être utilisé dans toutes les sauces, sur le plan technique ainsi que sur le plan physique d’après ce que je comprends. Ils sont tous les deux inséparables d’après ce que j’ai compris et c’est un appui supplémentaire. Était-ce nécessaire de nommer un deuxième entraîneur ou pas ? C’est le choix de la hiérarchie.
Camfoot.com: Et la nomination d’un conseiller et d’un médiateur ?
Robert Corfou: L’échéance est très courte. Si on travaillait pour l’avenir, je pense que ce serait très utile. Mais ces deux personnes sont des hommes d’expérience. Yannick Noah était au PSG et certains joueurs d’alors m’ont informé qu’on a apprécié son intervention. Il peut jouer un rôle important. Patrick Mboma, on ne le présente plus. Les jeunes devront l’écouter en accord avec l’entraîneur. Il faut qu’il y ait une coordination assez rigoureuse. Patrick est un garçon pétri d’expérience.
« Ce que je souhaite c’est de faire parti des déplacements pour faire une évaluation et donner des éléments supplémentaires à l’équipe nationale. »
Camfoot.com: Vos rapports avec l’ancien entraîneur étaient assez tendus. En tant que DTN, comment comptez-vous travailler avec le nouveau sélectionneur ?
Robert Corfou: On ne peut pas le dire comme ça, puisque je ne me suis jamais fâché avec Winfried Schäfer. Il n’y avait simplement pas de dialogue. Je ne peux pas dire du mal de ce monsieur, mais sur le plan technique, j’ai le droit d’apporter mes critiques en tant que DTN. Artur Jorge a été choisi ; il faut que je l’aide et je suis prêt à l’aider. Ce que je souhaite c’est de faire parti des déplacements pour faire une évaluation et donner des éléments supplémentaires à l’équipe nationale. Nous souhaitons simplement une fois pour toutes, que la direction administrative soit intégrée à la DTN pour qu’il y ait une coordination entre nous, afin de faire ensemble des calendriers de matchs.
Camfoot.com: On n’a pas fait état de l’entraîneur des gardiens de but. Peut-on s’en passer ?
Robert Corfou: Vous soulevez là quelque chose de très important. Je suis tout de même surpris qu’il n’y ait pas un spécifique coach de gardien de but. Je sais que quand j’ai eu l’équipe avec Thomas Nkono, c’était un régal. Je n’avais plus à m’occuper des gardiens. C’était un souci de moins. Ils doivent certainement avoir des raisons, mais il faut qu’on nous l’explique.
Camfoot.com: On dit d’Artur Jorge qu’il n’a jamais réussi avec aucune sélection nationale. Pensez-vous qu’il en sera autrement avec le Cameroun ?
Robert Corfou: Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte par rapport à sa responsabilité dans les équipes nationales. Diriger une équipe nationale, ce n’est pas la même chose que le suivi total dans un club. Mais il a tout de même beaucoup d’expérience. Je pense que par rapport à la qualité de nos joueurs, il suffit d’appliquer de la rigueur, du dialogue et de la communication et créer une certaine ambiance. Je crois sincèrement qu’il est capable de mettre cela en place et bâtir quelque chose de sérieux avec les Lions. Il faut maintenant que nous réunissions nos forces pour l’aider.
« Mon contrat se termine bientôt. On le renouvellera ou on ne le renouvellera pas (…) C’est vraiment le moment pour la hiérarchie d’en prendre conscience. »
Camfoot.com: Un dernier mot pour les fans des Lions Indomptables ?
Robert Corfou: Je souhaite à tous mes meilleurs vœux de bonheur, de santé. Je souhaiterais que des professionnels comme moi soient écoutés un peu plus. Je suis à la disposition d’un pays. Je suis à la disposition d’une discipline que le Cameroun adore et je crois que je suis à même d’apporter quelque chose sans agressivité, sans arrières pensées. Vous savez que financièrement, si je m’occupais de ces choses, il y a longtemps que je serais parti. Je suis à la disposition du ministre et du président de la fédération, qu’ils ne l’oublient pas. Je dois être certainement une personne qui n’est pas appréciée à cause de sa franchise et son honnêteté, mais qu’est-ce que vous voulez? Qu’on me prenne comme je suis. Si on ne veut pas que j’intervienne dans pas mal de choses, qu’on me le dise pour que je parte. Mon contrat se termine bientôt. On le renouvellera ou on ne le renouvellera pas. Mais je ne veux pas gagner de l’argent au détriment du contribuable. Aussi, dois-je continuer à travailler sans moyens? Car je dis bien que je n’ai pas de moyens. C’est vraiment le moment pour la hiérarchie d’en prendre conscience.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé, nsigue@camfoot.com
