L’envie de se venger du « club blanc » (Réal Madrid) a favorisé la venue de l’avant centre camerounais au Nou Camp. La nouvelle star du Barça ne laisse personne indifférente. Non seulement par son football direct, spectaculaire, original, galactique, par ses buts décisifs, par sa capacité à mener une équipe, mais aussi par sa transformation d’admirateur du Real Madrid en ennemi public numéro un de la maison blanche.
Txiki Begiristain méditait depuis quelques temps à propos du cadeau d’anniversaire qu’il aimerait pour ses 40 ans; Hier, le jour de son anniversaire, il a serré la main de Samuel Eto’o (N’ko, Cameroun, 1981) qui est le meilleur cadeau que puisse se faire un directeur technique. « C’est l’un des dix meilleurs footballeurs au monde », avait dit de lui Luis Aragonés.
Pourtant, l’année dernière, Sandro Rosell a reçu tout type de commentaires sur la personnalité d’Eto’o. Des messages, pas tous vrais, qui l’ont fait douter. Mais la qualité de l’avant centre s’est finalement imposée face à n’importe quelle rumeur ou suspicion. Il y a quelques mois, Juanan, ex physiothérapeute de Majorque, maintenant au service de Carlos Moyà, s’est rapproché de Rosell et lui a dit de recruter « enfin ! » Samuel. « Oui, je le sais », lui a répondu le vice-président, » mais il est un peu polémique non ? ». « Polémique ! », Juanan a crié, « ce n’est pas la peine d’en parler ! Il ne sursaute que lorsqu’on lui casse les c……. ».
Un jeune avec du caractère
La nouvelle star du Barça ne laisse personne indifférente. Non seulement par son football direct, spectaculaire, original, galactique, par ses buts décisifs, par sa capacité à mener une équipe, mais aussi par sa transformation d’admirateur du Real Madrid en ennemi public numéro un de la maison blanche. C’est le nouveau Luis Enrique.
Il est impossible d’entrer dans l’intimité de ce jeune, généreux et captivant qui élève son fils (Etienne, 2 ans) fruit d’une relation fugace avec une hôtesse du cadre VIP du stade Son Moix de Majorque. Le petit garçon, en tout cas, vit comme un prince.
« Le Barça a recruté l’une des merveilles du monde », expliquait hier à El Periodico l’un des dirigeants de Majorque. « Samuel est intelligent, très mûr pour son âge, impulsif, sur de lui, mais avec un grand coeur. Sa plus grande qualité humaine est la justice, il se peut qu’il se trompe mais c’est pas intentionnel ».
Samuel a été découvert par les recruteurs du Real Madrid, étant l’un des enfants les plus habiles d’Afrique. Ils l’ont vu et l’ont recruté. Ils lui ont donné un billet d’avion pour Madrid mais oublièrent de venir le chercher à l’aéroport de Barajas. De telle sorte que le matin même où Samuel a foulé l’aéroport madrilène, à seulement 15 ans, il a commencé à démontrer son sans gêne. Se voyant abandonné, il s’est dirigé, avec son français, vers la première personne de race noire qu’il ait trouvé. Et il est ainsi arrivé au Bernabéu.
Mais la vie d’Eto’o n’est pas allée de Madrid au ciel. Jusqu’à ce qu’il soit présenté au Camp Nou, la carrière de Samuel a été très dure et, comme il l’a crié lui-même, le 8 mai dernier, après avoir ridiculisé à lui tout seul le galactique Real Madrid, il s’est toujours senti incompris. « Si le Real Madrid ne s’est pas encore rendu compte que j’ai le niveau pour jouer dans son équipe, c’est qu’il ne va plus jamais s’en rendre compte ». C’est à cause de cela et pas un autre motif qu’Eto’o se vêtit d’azulgrana : le mépris que le Real Madrid lui a démontré. Pour cela, il a gagné avec Gregorio Manzano à Madrid (1-5) et pour cela il l’a répété avec Aragonés (2-3). Et pour cela il transformera le Real Madrid-Barça du 10 avril prochain en une question personnelle.
Eto’o, qui avait tout à Majorque, en veut encore plus. Et non par ambition personnelle, mais par ambition sportive. « Je suis Ballon d’Or d’Afrique et c’est très beau, mais je veux être Ballon d’Or européen, je veux savoir ce qu’on ressent lorsqu’on lutte pour être meilleur que Zidane, Ronaldo, Henry, que les meilleurs. Je veux être le meilleur et au Barça je pourrai aspirer à l’être ».
Quelqu’un qui possède des affaires au Cameroun – comme la représentation exclusive du bracelet antirhumatismal Rayma -, des demeures dans divers coins du monde -au Cameroun, en France et à Majorque-, quelqu’un qui collectionne les voitures de luxe -dans son garage il a une immense Mercedes, une Porsche sportive, une Porsche Cayenne, un WW Touareg et un Hummer-, quelqu’un qui maintient des dizaines et des dizaines de parents et finance avec une énorme somme d’argent la lutte en Afrique contre le nomma, les maladies infantiles qui détruisent les visages des enfants, n’a pas besoin de jouer d’une telle confusion pour se sentir importante.
« Le Barça a recruté plus qu’un joueur », assure l’un des membres du conseil d’administration de Majorque. « Samuel est un grandiose footballeur et, au Barça, il se convertira en un deuxième Ronaldinho ». La sensation dans l’île est qu’Eto’o concourra très bientôt, demain, avec le galactique le plus galactique du Barça. « Samuel est l’un de ces joueurs qui t’offre les titres et les unes », explique Alejandro Vidal, un des journalistes sportifs les plus populaires de l’île, « il est franc et dit ce qu’il pense car ensuite, lorsqu’il entre sur le terrain, il donne tout ce qu’il a, c’est un grand professionnel ». On dit que si Eto’o se trouve face à de bonnes questions, il répond comme personne.
Personne ne sait ce qu’Eto’o fait les après-midi, mais il ne se couche jamais tard et ne boit jamais une goutte d’alcool. « Il se soigne comme peu de joueurs », dit son ancien club. Et il se soigne parce qu’il adore être le leader de son équipe.
L’un de ses coéquipiers du vestiaire de Majorque ces trois dernières saisons raconte l’anecdote suivante lors de la réunion préalable de l’effectif et du staff technique avant trois rencontres décisives lors des visites au Bernabéu avec Manzano et Aragonès et lors de la finale de la Coupe à Elche face au Recreativo. Après la discussion tactique, Eto’o a pris la parole et a dit : « Soyez tranquilles, je me fais responsable de gagner cette rencontre ». Conséquence : 1-5 (3 mai 2003), 2-3 (8 mai 2004) et 3-0 (28 juin 2003).
Tout le monde s’accorde de ce que la personnalité et, surtout, le comportement d’Eto’o ont eu un revirement radical, tant dans sa vie personnelle que dans sa carrière sportive, quand Etienne est né il y a deux ans et quand il s’est convertit en capitaine de l’équipe due à la blessure du vétéran Javier Olaizola. Être père et enfiler les galons de capitaine l’ont transformé en un homme moins impétueux.
Il est possible que des vétérans comme Miquel Ángel Nadal, Marcos ou Olaizola lui-même aient vu d’un mauvais œil quelques privilèges dont Eto’o faisait état. Le Camerounais ne portait pas toujours son uniforme. Plus encore, il ne le faisait pratiquement jamais, portant des formidables vestes en cuir quand les autres portaient obligatoirement la gabardine ou chaussant de chers Prada lorsque le reste marchait avec des mocassins.
Bagarre à la mi-temps
Mais ce même garçon était celui qui luttait sur le terrain pour tout ce monde là et au final, comme cela s’est produit la saison dernière, il les a sauvé de la relégation. On dit que la scène vécue au repos de la dernière rencontre de Liga à Son Moix, Majorque-Espanyol (4-2), est digne de figurer dans un film d’Almodóvar. Les rouges sont rentrés au vestiaire avec 0-2 au tableau d’affichage. Et à peine entré dans le vestiaire, Campano reprocha à Eto’o d’avoir tirer un coup franc dans le mur « alors que celui qui devait le tirer c’était moi ! ».
Eto’o, aussi fâché que ses coéquipiers, a pris par le col Campano et lui a crié « Va te faire f…… ! ». Luis Aragonés a sauté de son siège comme éjecté par un ressort, a attrapé Eto’o par le maillot et l’a lancé contre le banc comme s’il s’agissait d’une plume. « Campano a raison : sortez et réparez ça ». Eto’o a fait une deuxième période de champion, a mis des buts et, en effet, a remonté à lui tout seul la rencontre. À chaque but, Eto’o se tournait vers Luis en frappant sa poitrine comme Tarzan, lui rappelant qu’il était invincible.
Cette humeur, cette sans gêne, lui avait déjà créé des problèmes à ses débuts. Par exemple, à Leganés, quand, avec seulement 17 ans, il a refusé de voyager à Jerez découvrant que l’entraîneur n’allait pas l’aligner dans l’équipe titulaire. « Donc si je ne joue pas, je n’y vais pas ». On dit que ce fut le vétéran défenseur Jesús Mesas, qui plus tard se transformera en l’un de ses hommes de confiance, qui l’a persuadé qu’il se nuisait à lui-même et qu’il ne devrait pas le faire.
Cet Eto’o est encore le même qui cajole les enfants, qui signe des autographes même le même jour où il voit son ami et compagnon de la sélection Foé mourrir, qui demande un meilleur salaire pour un employé du club qui en a besoin. Enfin, il est capable d’offrir un téléphone portable dernier cri à un employé pour qu’il lui porte sa valise.
Une recherche de Sethi de Toli Camfoot info@camfoot.com