Il l’a dit et répété : toutes les décisions qu’il prend, c’est pour le bien de l’équipe du Cameroun pour laquelle il s’est engagé corps et âme. Car, poursuivait-il, il ne connaît pas au monde un entraîneur qui puisse vouloir du mal à son équipe. Ces propos de Paul le Guen, le sélectionneur des Lions indomptables, sonnent désormais comme faux au lendemain du désastre de l’entrée de son équipe dans la Coupe du monde »Afrique du Sud 2010 » dont il porte l’entière responsabilité.
Et aussi, deux jours après les pleurs (de tristesse) du sélectionneur du Ghana, Milovan Rajevac, alors que son équipe venait de remporter une victoire méritoire contre la Serbie. Non, il y a des entraîneurs qui peuvent jouer contre leur camp, et celui du Cameroun, c’est désormais manifeste, en fait sans nul doute partie !
Un entraîneur qui veut le bien de son équipe doit tirer quand même, tout seul et même s’il reste sourd aux critiques de l’extérieur, les leçons de ses échecs. Paul Le Guen a surfé immédiatement sur la vague du succès après son embauche comme sélectionneur du Cameroun, réussissant un parcours sans faute de quatre matches sans défaite qui ont permis aux Lions indomptables d’effacer le traumatisme de l’élimination de la Coupe du monde 2006 et d’obtenir leur ticket pour le Mondial sud-africain en 2010. Mais immédiatement après, l’équipe est retombée sur terre, avec cet échec à la Coupe d’Afrique des nations en janvier dernier en Angola, où le technicien aligna quatre équipes différentes en quatre matches, montrant ainsi qu’il ne connaissait pas encore suffisamment les joueurs qu’il avait lui-même sélectionnés. Les faits étaient suffisamment graves pour que le coach des Lions se convainque lui-même qu’il est sur une fausse route
et qu’il doit changer ses certitudes et son approche de la compétition. Moyennant quoi, pendant les deux semaines de stage préparatoire à la présente Coupe du monde, on l’a encore vu balbutier, faire des essais étonnants (Nkoulou en milieu récupérateur tandis que Matip, le futur titulaire du poste au Mondial dans l’esprit de Le Guen est au banc) jusqu’au dernier match amical de préparation.
De passage à Yaoundé avec son équipe avant de rallier l’Afrique du Sud, le sélectionneur a affiché toute sa sérénité, répétant à l’envie qu’il venait de faire une préparation de rêve et que les fans ne doivent pas s’émouvoir des mauvais résultats des matches amicaux dont l’objectif n’était nullement la victoire. «Rassurez-vous, je sais exactement où je vais», clamait-il avec un brin d’arrogance alors que la presse relayait les inquiétudes du public.
Après la gifle de lundi dernier contre le Japon, on sait donc là où la course du papillon, qui ne suit aucune ligne directrice, pivotant à gauche et à droite sans que ce soit forcément dans la direction du vent : droit vers le mur ! On ne peut pas comprendre autrement cet entêtement à appliquer le 4-3-3 que ses propres joueurs refusent parce qu’il ne correspond pas à leurs qualités actuelles, à punir et à priver l’équipe de ses rares valeurs sûres (Alex Song, Rigo Song, Gérémi Njitap, Achille Emana) par égo ou pour montrer qu’il a un semblant d’autorité. Le plus grave, c’est que M. Le Guen est venu aligner une équipe expérimentale en Coupe du monde, qu’il n’avait pas essayée même à l’entraînement, et l’a reconduite après la pause contre le Japon alors qu’elle était menée, façon de dire que tout va pour le mieux. Dites-nous que cet homme veut le bien de l’équipe qu’il entraîne…
Par Emmanuel Gustave Samnick