L’enquête de notre reporter, en ouverture du présent supplément des sports de Mutations donne à voir comment notre pays s’est jusque-là montré timide à attirer dans les rangs de son équipe nationale de football, ces chers Lions indomptables qui sont presque l’unique point de ralliement de toutes les composantes du Cameroun, ses jeunes footballeurs talentueux et de plus en plus nombreux révélés dans les championnats européens.
C’est une situation paradoxale quand on se rend compte qu’à chaque regroupement des sélections de jeunes (cadets, juniors et espoirs), c’est une bagatelle de « joueurs évoluant à l’étranger » qui est convoquée, mais jamais ceux dont tout le monde entend parler.
Pour la plupart, il s’agit des anonymes partis du Cameroun sans crier gare et repérés, on ne sait à quel moment et comment, dans des championnats non moins anonymes, des pays reculés d’Europe de l’Est et d’Asie, sans doute à la suite de parrainages obscurs.
Peut-on alors reprocher aux jeunes nés en Europe, en Allemagne et en France notamment, de parents d’origine camerounaise, de ne pas songer à porter les couleurs d’un Cameroun qui ne les a pas sollicités? Tout au plus pourrait-on s’étonner que leurs parents, jouant faussement les modernes, n’aient pas souvent usé de leur influence pour convaincre leur progéniture de jouer pour le Cameroun, la terre de leurs aïeux, qui a plus besoin d’eux que ces nations européennes où la ressource humaine est en réalité abondante ? Car à la fin, c’est bien d’une politique d’utilisation des ressources humaines qu’il s’agit ici.
Les Lions indomptables ont bénéficié, dans un passé pas très lointain, des bienfaits de quelques coups réussis dans ce domaine ; même si l’on a observé qu’il ne s’agissait pas d’une politique cohérente mais de la conjonction positive de quelques équations personnelles. Nous voulons parler ici de l’intégration au sein des Lions indomptables de joueurs qu’on aurait pu perdre à jamais pour la sélection: Patrick Mboma, Joseph Désiré Job et Lauren Etame Mayer. Ce dernier ayant rejoint les rangs grâce à un marquage individuel de Thomas Nkono, alors que d’autres responsables camerounais n’hésitaient pas à hurler avec la foule pour agiter la prétendue « équato-guinéité » dudit joueur. Notre étonnement est grand de voir que Jacques Songo’o, international camerounais pendant 16 ans, n’ait pas encore de problème de conscience de voir son fils Franck défendre les couleurs de l’équipes de France…
On est en revanche heureux d’apprendre que l’international junior allemand Marvin Matip Job, assisté de son père, a saisi la Fédération internationale de football association (Fifa) pour avoir le droit de rejoindre les Lions indomptables du Cameroun. On pourrait aussi se réjouir de l’initiative nouvelle prise aujourd’hui par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) d’organiser une sorte de monitoring de ces valeurs émergentes du football camerounais sur le sol européen. Ça devrait nous changer, logiquement, des improvisations ridicules qui ont conduit par le passé à la présélection d’un Nigérian (Obafemi Martins) ou à la tentative de convocation d’un Antillais (Jonathan Zebina). Mais, nous restons réservés quant à la structure à laquelle cette mission a été confiée, s’il se confirme en tout cas, qu’elle appartiendrait à Jean-Alain Boumsong.
Ce joueur parti du Cameroun dans l’adolescence était moins exposé pour céder aux sirènes de l’équipe de France, avec laquelle il est pourtant devenu vainqueur de la Coupe des confédérations en 2003 et vice-champion du monde en 2006. On veut bien croire qu’il s’agirait pour lui d’une remarquable opération de rachat, mais quels arguments développerait-il devant des enfants nés en Europe pour les convaincre de faire le contraire de ce que lui-même a fait?
Signalons, pour terminer, que dans cette mondialisation sauvage qui n’épargne pas le sport, les Etats organisés du Tiers monde prennent des précautions utiles pour ne pas être dévorés par les grands prédateurs du monde occidental. Il serait suicidaire pour le Cameroun de continuer à laisser la chance résoudre ses problèmes
[…] De retour de suspension, Christopher Wooh a joué l’intégralité de la rencontre dans une défense à 3. Son compatriote, Nagida Aboubakar était également titulaire dans un rôle de piston gauche. Sorti à la mi-temps, il n’aura pas été à la hauteur pour sa première titularisation en Ligue 1. Mais la progression est nette et le meilleur reste à venir. […]