Les relations entre l’Union européenne de football (UEFA) et la Fédération internationale (FIFA) se sont encore détériorées, mercredi à Stockholm, le président de l’UEFA, Lennart Johansson, estimant que « cela serait une bonne idée » si le président sortant de la FIFA, Joseph Blatter, « retirait sa candidature » à un nouveau mandat.
A un mois du congrès électif de Séoul, le 29 mai, les deux plus puissants personnages du football mondial multiplient ainsi les attaques, les accusations et les sous-entendus, laissant éclater au grand jour une rivalité remontant à l’élection de Joseph Blatter en 1998. « Pendant quatre ans, j’ai soutenu Joseph Blatter », a pourtant affirmé le Suédois au terme du comité exécutif de l’UEFA essentiellement consacré aux relations avec la FIFA. « Nous avons eu des discussions dans une bonne ambiance jusqu’à l’automne dernier. Ensuite, beaucoup de chiffres incohérents, difficiles à situer, sont apparus. M. Blatter nous avait promis un audit complet, il n’a jamais tenu parole », a poursuivi le président de l’UEFA tout en précisant: « Jamais je ne l’ai (ndlr: Blatter) accusé de corruption ». Lennart Johansson, qui doit être réélu jeudi à Stockholm pour un quatrième mandat de quatre ans à la tête de l’UEFA, a cependant fixé un ultimatum en demandant la reprise des travaux « de l’audit interne, illégalement interrompu, avant le 3 mai, date du prochain comité exécutif extraordinaire de la FIFA à Zurich ». Une motion en ce sens a été approuvée mercredi par le CE, à l’unanimité, moins la voix du président de la Fédération espagnole, Angel Maria Villar. « Je ne veux pas spéculer sur les raisons qui ont poussé M. Blatter à arrêter cet audit », a ajouté le Suédois en affirmant que « seul le CE a le pouvoir de prendre une telle décision ». Selon Joseph Blatter, le caractère de confidentialité de cet audit interne, mené par six membres du CE de la FIFA, avait été violé, notamment par le Sud-Coréen Chung Mong-joon « qui aurait sorti des documents confidentiels », ce que l’intéressé a démenti avec véhémence. Par ailleurs, apprend-on de source autorisée, plusieurs membres du cabinet privé d’audit Deloitte and Touche auraient participé à la première réunion, en violation des statuts de la FIFA. « Je pense que cela serait une bonne idée si M. Blatter retirait sa candidature à la présidence de la FIFA. Mais je ne crois pas qu’il le fasse (…). J’ai été loyal même si nous avions des divergences d’opinion sur certaines questions. Puis, son attitude a changé et j’ai l’impression que ses actions sont influencées par son désir ardent d’être réélu », a encore affirmé M. Johansson en confirmant son soutien de la candidature à la présidence de la FIFA du Camerounais Issa Hayatou « un homme intègre et loyal ». « Je suis désagréablement surpris par ce qui se passe. Je me sens coupable car cela nuit à la réputation du football. J’ai également ma réputation personnelle à protéger, car j’ai été attaqué par le président de la FIFA dans des lettres personnelles, et je ne peux l’accepter », a poursuivi le président de l’UEFA. Lennart Johansson s’est également intéressé à la dernière révélation du jour de la presse britannique, notamment celle du Daily Mail, affirmant qu’une somme de 100 millions de dollars (112,5 M EUR) aurait disparue des comptes de la FIFA et aurait été placée au Liechtenstein après la banqueroute de la société ISL. « Si une telle somme a disparu, il faut savoir où elle est allée », a commenté Lennart Johansson. Joseph Blatter avait eu la même réflexion il y a quinze jours à l’apparition de cette rumeur. Les deux dirigeants antagonistes se retrouvent jeudi face à face à Stockholm, à la tribune du congrès, où M. Blatter devrait intervenir en tant que président en exercice de la FIFA.