L’avion de la Camair à destination de Dakar a atterri à l’aéroport d’Abidjan après sa fermeture à cause du couvre feu. Les sportifs camerounais ont failli être amenés au Sénégal.
Il est plus de 18h, heure d’Abidjan, lorsque le commandant de bord du vol UY de la Camair à destination de Dakar annonce la descente de l’avion sur la capitale ivoirienne. Les hôtesses et stewards contrôlent les ceintures de sécurité de tous les passagers, éteignent la lumière puis rejoignent leurs places.
A travers le hublot, on aperçoit les rues d’Abidjan. Tout est calme. De rarissimes voitures circulent dans la ville peu illuminée. A 18h 35mn, l’avion se pose sur l’aérodrome mais il n’y a aucun aiguilleur pour indiquer au pilote où se diriger. Il
avance néanmoins et s’immobilise à quelques mètres d’un appareil de » Air Ivoire » prêt à décoller. Une fois l’avion de la compagnie ivoirienne partie, rien n’est fait pour débarquer les passagers de la Camair fatigués par le retard de deux heures accusé à Douala.
Toutes les issues restent fermées. Les hôtesses sont debout et ne disent mot. Sur la piste, on observe à travers le hublot, un mouvement de foule. Les gens courent dans tous les sens. Certains ont des talkie – walkie. Quatre policiers en tenue s’avancent avec leurs fusils vers l’avion. L’attente commence à se faire longue. L’inquiétude s’installe. » Que se passe t-il ? » demande t-on ici et là. Le personnel naviguant a perdu son latin. Aucune réponse.
Après quinze minutes d’angoisse, le commandant prend la parole : » Les passagers à destination d’Abidjan ne pourront pas sortir de l’avion à cause du couvre-feu. Nous irons donc à Dakar via Bamako et nous reviendrons dans la capitale ivoirienne demain matin. » C’est le branle –bas dans l’avion. » Mais est-ce que cela est de notre faute ? » s’interrogent les voyageurs. Les
responsables de la délégation camerounaise, notamment MM. Nomo Menye, Tadjore ; le directeur de la Jeunesse, et Ndzana de la cellule de coordination provisoire de l’équipe nationale, se lèvent et vont expliquer qu’il ne serait pas opportun que les sportifs camerounais passent la nuit à Dakar alors qu’ils ont des matchs à livrer le lendemain à Abidjan.
Eclaircissements vains. Entre temps, une passerelle est dirigée au bas de l’avion. Mais pas pour les passagers. Elle va permettre à un responsable de l’aviation civile ivoirienne de monter demander si un ministre camerounais se trouve dans l’avion. Il n’ y en a pas. Il redescend et les pourparlers reprennent au sol entre le commandant de bord, le chargé
d’affaires à l’Ambassade du Cameroun, M. Ndjomo Samuel, les membres de la fédération ivoirienne de football venus attendre les Lionceaux et le Tonnerre et les autorités ivoiriennes.
Les Français, Allemands et un diplomate canadien en première classe sortent leurs téléphones par satellite pour joindre leurs
compatriotes, amis, familles et partenaires. Ils proposent leurs appareils de communication grâcieusement à la presse camerounaise afin qu’ils appellent leurs confrères de l’AFP ou Reuters pour les mettre au parfum de la situation. Les journalistes camerounais n’auront pas le temps de le faire puisque M. Ndjomo appele le président de Satellite FC, qui est
par ailleurs directeur administratif et financier de la présidence de la République de Côte d’Ivoire.
C’est grâce à cette intervention que les commissaires et les
responsables de l’aviation civile laisseront les passagers du vol UY 704 à destination d’Abidjan débarquer au sol. Ils exigent néanmoins que la soute ne soit pas ouverte parce qu’il n’y a aucun personnel pour réaliser ce travail à ce moment à l’aéroport.
Après un « ouf » de soulagement, les voyageurs se dirigeront dans le hall sous le regard menaçant des policiers et militaires. Ainsi s’est achevée cette aventure fâcheuse qui a eu pour origine l’arrivée tardive des Lionceaux à l’aéroport international de Douala. Retard dû aux lenteurs administratives et à l’annulation du vol Yaoundé – Douala prévu en ce début d’après –midi de vendredi.
Suzanne NGO NLEPNA à Abidjan