VIVEMENT LA RELEVE

Dire que le Cameroun est un grand pays de football est une vérité de Lapalisse. La notoriété des Lions indomptables a déjà franchi les confins du continent africain. Aujourd’hui, l’équipe nationale de football du Cameroun joue dans la ligue des grands. Nul ne l’aborde plus à la légère. N’est-ce pas la seule équipe africaine qui ait jamais battu le Brésil ? De Roger Milla à Samuel Eto’o Fils, on ne compte plus les valeurs sûres qui ont conféré aux Lions indomptables leurs lettres de noblesse.

La précarité de l’environnement et des structures dans lesquelles évolue l’équipe nationale du Cameroun témoigne de la situation paradoxale qui prévaut dans ce pays qui ne respecte aucune norme internationale ni pour ce qui est des infrastructures, ni dans la sélections des joueurs. Or, il arrive en Quarts de finale de la Coupe du monde ou en Finale de la Coupe des Confédérations. Cela fait de nombreuses années qu’aucun joueur issu directement du championnat national du Cameroun n’a endossé le célèbre maillot des Lions indomptables. Aux nantis donc les mains pleines et aux pauvres la désillusion.

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Et pourtant, le vivier du football camerounais se trouve bien à Obala, à Bamendzi, à Loum, à Ngoumou, à Maroua etc. C’est d’abord là, sur le terroir, qu’il convient d’aller prospecter. Nous pouvons ainsi citer entre autre: Aloma Gaston, Amungwa Emmanuel, Sanda Oumarou, Hamadou Soussia de Cotonsport, Fidjeu Thierry, Zoualan et Zonkou de l’Union, Duplex Kamga, Babanda Joel Moise de Racing, Rostand Kouemaha de Victoria Utd, Alim Hamadama la flèche de Fovu, Serge Lome Onana de Université de Ngaoundéré, Njankouo Nsangou Abdou Fatah, jeune défenseur (20 ans) de Sable de Batié ou encore Ntieche Monchare Daniel du Canon, etc… Dès lors que les perles rares sont dénichées, il faut alors les polir. D’ailleurs, les vedettes camerounaises de la Liga et de la Premier League qui nous honorent tant aujourd’hui ne sont-elles pas issues des championnats et des centres de formation locaux ? Elles doivent leur réussite d’une part à leur formation spontanée sur les terrains vagues du Cameroun et d’autre part à la chance qu’ils ont eue de s’épanouir en Europe.

Cette chance pourrait aussi sourire à d’autres demain dès lors que la vitrine mirifique qu’est l’équipe nationale leur sera offerte. Il y a lieu, ici, de trouver un juste équilibre. Nous gagnerions à porter le même regard sur le footballeur camerounais évoluant en Belgique, en Espagne et en Bulgarie que sur celui qui se débat au Cameroun. Il s’agit donc uniquement de déployer la logistique appropriée en matière d’organisation et de prospection, et surtout, de faire preuve de volonté.

Sans doute, face aux insuffisances constatées dans l’organisation défensive des Lions indomptables, Deumi, qui évolue en Suisse, mérite une place au même titre que Mathias Doumbe (D2 anglaise), Assou-Ekotto, Angbwa et Bedimo N’Same et Song Alexandre respectivement de Lille, RC Lens, Toulouse et Bastia en Ligue 1 en France. Le jeune prodige germano-camerounais, Job Matip, qui a déjà conquis sa place au sein de la Mannschaft Espoirs trépigne d’envie de porter les couleurs de l’équipe fanion des Lions indomptables tandis que match après match, la Suède n’a plus pour Elanga que les yeux de chimène. Ajoutons à cette liste Mevengue de Coton Sport de Garoua, et nous pourrions, sans vaciller, affirmer que l’alternance et le renouvellement des effectifs sont assurés en défense.

L’inefficacité du secteur offensif des Lions indomptables montre à quel point Patrick Mboma était l’arbre qui cachait la forêt. Samuel Eto’o fils dont l’étoile ne cesse de monter à Barcelone n’a pas encore trouver compère à sa hauteur. Hervé Tum ne s’est pas confirmé comme le fer de lance espéré. Au mieux, il est encore en phase d’apprentissage. Joseph Désiré Job est toujours aussi inconstant. L’heure est donc venue de donner sa chance à Boya dont nous avons admiré la prestation contre la Roma en Coupe de l’UEFA, ponctuée par deux magnifiques buts.

Dans l’entre-jeu, Makoun dont L’Equipe vantait les mérites sur tout une page samedi dernier, s’est fait son trou. La maturation de Djemba Djemba traîne en longueur et le départ tonitruant de Mbami compliquent encore la succession de Marc Vivien Foe et de Lauren. Emana de Toulouse mérite sans doute d’être intégré au groupe, de même que Rudolphe Douala de Sporting de Lisbonne.

Le football camerounais souffre de la saignée de ses meilleurs éléments qui s’exilent tous azimuts, attirés par le miroir aux alouettes du professionnalisme. L’équipe nationale doit donc servir de vitrine moins risquée aux jeunes footballeurs. Un juste équilibre entre les talents du championnat national et ceux de la diaspora contribuera sans doute à assurer la pérennité de notre football.

J. NKONDO NA NKONDO, nkondo@camfoot.com