Dimitri Nzekou: Un peu de professionnel dans les jambes

Le souvenir reste encore vivace. Celui du nombreux public du stade d’honneur Omar Bongo Ondimba qui, à l’issue de cette finale de la Coupe de la Cemac, n’avait cessé de le féliciter : « Mon ami, tu fais quoi au Cameroun ? Va en Europe, ta place n’est pas au Cameroun ! ». C’est que Dimitri Nzekou avait pesé de tout son poids pour que l’équipe A’ du Cameroun vienne à bout des Sao du Tchad, 1-0. Et, à cette exigence circonstancielle de ses fans, il tenait cette réponse presque étrange: « Le plus important c’est de jouer, et non de toujours aller en Europe. Je travaille et j’espère que d’ici là, ça va venir. Le destin de chaque joueur est tracé », disait-il alors, convaincu qu’en jouant au terroir il peut aussi taper dans l’œil du sélectionneur national Artur Jorge…

C’était en février dernier. Quatre mois après, sa toute première présélection aux côtés de Capitaine Rigobert Song est effective; une belle surprise pour le « cotonnier », « J’ai été très content quand une amie m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle ». Après quoi, l’entraîneur Jules Nyongha lui a confirmé au téléphone. « L’émotion m’anime jusqu’aujourd’hui et j’ai hâte de commencer ce stage », a indiqué le milieu de terrain de Cotonsport de Garoua, à Camfoot.com.

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Dimitri Nzekou, qui a pris le « train » de Garoua pour Yaoundé vendredi dernier en nocturne, sait ce qui l’attend. Il espère que ses grands frères qui l’ont précédé à l’équipe nationale fanion vont l’aider à tenir le coup et, à émerger. Le nouveau présélectionné ne doute pas qu’il y a une place à prendre dans l’entre-jeu des Lions indomptables. « Tout est possible, du moment que j’ai confiance en moi » dit-il, remettant cependant tout dans les mains de ses encadreurs, qui devront l’apprécier à l’œuvre, à partir de ce dimanche que s’ouvre le stage en vue du match Cameroun-Libye du 19 juin.

Parcours

Peu bavard, Dimitri Nguenheu Nzekou, de son nom de naissance, a la qualité de beaucoup écouter, surtout ses entraîneurs, et de mettre leurs consignes en pratique. Une bonne disposition qu’il a intériorisée à l’école de football des Brasseries du Cameroun, avec qui il a participé à la prestigieuse compétition de Montaigu en 1999 en France. Il portait alors le vert-rouge-jaune pour la première fois, chez les minimes.

L’année suivante, il met le cap sur l’Europe, notamment en Turquie. Il a 17 ans, et les portes de Bursaspor, équipe de première division, s’ouvre à lui. Après deux saisons, il change de maillots ave celui de Kocaelispor, toujours en D1 turque. Mais, sa deuxième année avec cette équipe tourne mal, car, elle est reléguée en division inférieure.

D’après l’ancien sociétaire du Racing de Bafoussam, l’intégration des étrangers dans le championnat turc est réglementée. En D2, chaque équipe ne serait autorisée à n’avoir que deux professionnels non nationaux. Or, il s’avère que parmi les huit que comptait déjà Kocaelispor, son employeur n’ait pas jeté son dévolu sur lui, et le remercie donc. « J’ai préféré revenir au Cameroun au lieu de me balader en Europe. Je me suis dit que je pouvais me battre et trouver une autre opportunité pour sortir», affirme-t-il aujourd’hui.

Les ex-coéquipiers de Racing: Dupleix Kamga (Union) et Dimitri Nzekou (Coton)

De retour au pays natal, il chute dans Racing football club de Bafoussam, sous les ordres de l’entraîneur Jules Nyongha. Après une rentrée difficile, le ‘gars’ se remet aux réalités du terroir: un football peu élaboré, peu spectaculaire, des aires de jeu piteuses, etc. Néanmoins, Dimitri finit par s’imposer et devient d’ailleurs un maître à jouer de l’entre-jeu gauche du TPO Tout Puissant de l’Ouest, aux côtés d’un certain Dupleix Kamga, meilleur joueur du Cameroun cette saison-là (2004), entre autres.

Son jeu, fait de crochets « intérieur-extérieur », suivis de chevauchées qui se terminent régulièrement par un retrait sortant, captive le public. En réalité, sur le terrain, il s’approprie le flanc gauche, bien positionné entre la ligne de touche et l’entre-jeu, de son mètre soixante-seize. Certes, il a souvent eu des difficultés à retourner à temps après ses remontées. Mais, reste que la belle fin de saison de l’équipe fanion de l’Ouest (2ème au classement général final) a bénéficié de sa poigne, de sa ténacité et de ses qualités naturelles de fin technicien. Il aura marqué le championnat dernier à sa manière.

Ambitions

Auréolé d’une belle saison, Nzekou Dimitri ne refuse pas l’offre de Cotonsport de Garoua, qu’il intègre cette saison en cours. Il a ses raisons : « Je me suis engagé en sachant qu’au Cameroun, c’est une grande équipe. Et quand on joue dans une équipe comme celle-là, on acquiert beaucoup d’expériences, surtout avec la compétition internationale dont elle est devenue une abonnée », explique-t-il, tout en laissant transparaître une envie de reprendre, sur le gazon du stade Roumde Adjia de Garoua, sa puissante forme des pelouses européennes.

Dans l’effectif de l’équipe championne du Cameroun en titre, ce joueur moderne n’a pas certes été titularisé sur l’ensemble des 13 matches de ce 46ème championnat d’élite. Mais, son souci à participer activement à la conservation du titre de champion du Cameroun avec son club employeur est un minimum.

Pour y arriver, la seule recette reste le travail; et il le fait au jour le jour, toujours serein, « afin, dit-il, de multiplier les sélections ». Sa récente sélection dans l’équipe nationale des amateurs (Lions A’) lui a permis de remporter la Coupe de la Cemac en février dernier à Libreville. Il serait bien hasardeux de fêter ses 22 ans le 22 juin prochain avec une sélection chez les Lions indomptables, au profit de ce match éliminatoire de la Coupe du monde et Can 2006.